« & le corps silencieux écrire c’est la voix et le son bruyants »

Le 3 mars 1977, le numéro 2574 /55e année de ‘Les Nouvelles littéraires – hebdomadaire de l’actualité culturelle’ – titrait en une :

Le règne de la littérature au magnétophone

ainsi liminairement développé :

« Écrire est-il devenu un geste anachronique ? La prolifération de livres qui sont de purs produits du magnétophone est-elle le signe avant-coureur de l’effacement de l’écrivain traditionnel ou témoigne-t-elle de l’apparition d’une dimension cachée de l’écriture ? Roland Barthes, Olivier Todd, Claudie Dollé-Dubigeon, Denis Roche, Michel Perrin et Daniel Bertaux apportent leurs réponses à ces questions dans un dossier réalisé par Karine Berriot. »

Il y a en effet de nombreuses pages de Louve basse – paru un an auparavant – que le magnétophone vrille et meule. Ici, page 21, l’entretien s’adjoint en outre une photographie de Denis Roche au travail – probablement celui de Louve basse, photographie créditant Denis Roche (cf. crédits p. 2 du même numéro).

Les articles que Denis Roche signe en ce premier trimestre de l’année 1977 concernent, quant à eux, d’autres écrivains : successivement ce seront William Burroughs, Raymond Roussel, Dominique de Roux et Christian Prigent, de qui Denis Roche proposera lectures et analyses.

Denis Roche :

« L’écriture justifie les moyens »

propos recueillis par Karine Berriot, Les Nouvelles littéraires, n°2574, 3 mars 1977, p. 21

 

Notes, notules et scolies :

* Au-delà, et surtout, cette période voit se poursuivre l’élaboration des Dépôts de savoir & de technique. Si, en ce mars, certains ont déjà été prépubliés en revues, beaucoup restent à suivre – et notamment Notre antéfixe, écrit du 15 février au 22 mai 1977 et achevé d’imprimer le 7 avril 1978. Cette concomitance, cette intrication, nécessairement signifiantes, se prouvent ipso facto par la citation et la mention de cet entretien p. 35 et p. 48 de Notre antéfixe (et donc p. 115 et p. 127 des DST) :

« & le corps silencieux écrire c’est la voix et le son bruyants 9 »

« 9. Ds une interview de moi – « L’écriture justifie les moyens » – in Les Nouvelles littéraires du 3 mars, cette année. »

* Cet entretien est en dernier lieu strictement contemporain de la première publication en revue de photographies de Denis Roche en tant que telles. Quatre photos :

Montréal, aéroport. Salle d’embarquement n° 3. Mai 1975″,
– ″Montréal, Foire internationale du livre. Mai 1975″,
Tissamaharana, Sri Lanka, Chambre n° 7. Juillet 1975″,
Paris, 18 rue Henri Barbusse. Janvier 1977,

paraissent en effet dans la revue Textuerre,  3-4, « Denis Roche », en mai 1977, entre les pages 2 et 3.

* Ultérieurement, Denis Roche ainsi spécifiera :

« Pour moi, le magnétophone, la machine à écrire et l’appareil photographique constituent vraiment des machines amoureuses. Ce sont vraiment des machines amoureuses dans le sens où ce sont des machines qui donnent du plaisir et des machines qui transmettent le plaisir. Des machines qui demandent vraiment et qui demandent de manière absolue et directe, sans intermédiaire. Il n’y a rien de plus amoureux qu’un appareil photographique, parce qu’il est uniquement voyeur et qu’il regarde tout, qu’il ne demande qu’à regarder de nouveau, c’est exactement comme l’amour. […] Le magnétophone, c’est pareil, parce qu’il demande à enregistrer, à capter n’importe qui en disant n’importe quoi. […] Et la machine à écrire — pas celle de la dactylo évidemment — la machine à écrire de celui qui écrit quelque chose, fonctionne de la même façon. »

in Le rideau déchiré, entretien avec Alain Pomarède, Art Présent,  8, printemps 1979, p. 24- 28 (repris in La disparition des lucioles, p. 118).

* Enfin, puisqu’il est là question de livres-cassettes, il convient de rappeler que Denis Roche s’est prêté à deux reprises plus que confidentielles à l’exercice :

Antéfixe de Françoise Peyrot ; Paris, TXT (collection essais de voix, nº 5), 1980, et Le rocher de Zarathoustra et autres Essais de littérature arrêtée ; Paris, Artalect (collection Sa voix son texte), 1986.

 

 

 

 

 

Remerciements à José Lesueur et Grégory Haleux.


 


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